En 1904, le gouvernement grec décide de parquer les lépreux, considérés comme dangereux pour la société, sur la forteresse de Spinalonga, une presqu’île au nord de la Crète. Là, en attendant la mort, ils s’organisent une vie. Raimondakis, fils d’avocat, est leur porte-parole. Il n’accepte pas d’être enfermé menottes aux poignets alors qu’il n’a commis aucun crime. Il n’attend pas qu’on le plaigne, il a seulement besoin d’amour. En 1957, les malades sont placés dans un mouroir flambant neuf près d’Athènes.

Un jour les Laboratoires Sandoz m’appellent pour m’avertir de la présence de Maurice Born qui leur proposait un sujet : il avait fait une étude sociologique de deux ans sur les lépreux et voulait tourner à Spinalonga. On est partis, un peu comme un commando, en prétendant vouloir réaliser un film touristique… le tournage a duré en tout et pour tout dix jours aller-retour. Nous avons tourné sur l’île où les lépreux furent rassemblés jusqu’en 1957 puis à l’hôpital où ils ont été soignés et où certains sont restés. Raimondakis est le génie de la lèpre, c’est lui qui a la parole : il parle au nom des lépreux. Fils d’avocat, plutôt intellectuel, touché par la lèpre, il fut enfermé, menottes aux poignets puis prit la tête de cette île, de huit cents mètres de long pour quatre cents de large. S’il y a un film que je retiendrais bien, c’est celui-là. 

Jean Daniel Pollet 

L'Ordre est précédé du court-métrage documentaire Les Morutiers 
1968 | documentaire | 20 minutes couleur et noir et blanc
Réalisation Jean-Daniel Pollet
La pêche à la morue, le traitement du poisson, la vie des pêcheurs à bord du chalutier moderne « Le Pierre Vidal ». Commande du Syndicat des Morutiers montrant l’organisation d’un travail de longue durée dans un espace réduit.