Des objets quotidiens filmés dans un paysage provençal, tels que les évoqua Francis Ponge dans ses textes. Peu à peu se dévoile ce « monde muet » qui « est notre seule patrie », s’animent ces « retours de la joie, ces rafraîchissements de la mémoire, des objets de sensations », ce que Ponge appelait ses « raisons de vivre ».

Suite à un grave accident, pendant ma convalescence à l’hôpital, j’ai relu Ponge. Le Parti pris des choses a agi sur moi comme un véritable fortifiant. Il y a vingt-cinq ans, Ponge avait écrit pour les Cahiers du cinéma un billet sur Méditerranée : “J’ai vu Méditerranée. C’est dans mes rêves dorénavant. Je n’arrive pas à travailler aujourd’hui parce que j’ai ce film en tête. Ceux qui n’aiment pas ce film, s’il en est, sont mes ennemis.” Quand j’ai relu les Proêmes, je m’y suis retrouvé. Ponge, c’est la santé… on oublie les dictionnaires, le langage, on se remet sur l’herbe, on regarde en l’air et on se demande ce que l’on fait là. Mon travail sur Ponge est très difficile : c’est une question de distance par rapport aux choses… aucun rapport avec l’écologie ou autre retour aux sources. Quand il décrit un objet, on ne sait pas ce que c’est et c’est ça qui me fascine (...) 

Jean-Daniel Pollet