Stranger than Paradise
Willie, un émigré hongrois, mène aux États-Unis une existence marginale de fl ambeur. Obsédé par le souci de refouler ses origines étrangères, il se pose devant Eddie, son compagnon de jeu, en Américain de longue date. Willie est alors obligé d’héberger chez lui pendant quelques jours sa jeune cousine venue de Hongrie...
Comme Permanent Vacation, Stranger than Paradise est un grand film déambulatoire, à l'image du chassé-croisé est/ouest d'Eva et Willie, à l'image aussi des superbes travellings qui le ponctuent. D'un lieu à l'autre (le film se décompose en trois parties : New York, Cleveland, la Floride), nos héros déploient une morale de bernard l'hermite, que Jarmusch respecte en procèdant le plus souvent par longs plans fixes, frontaux, qui laissent à ses personnages le temps d'arpenter le champ avec méthode avant que d'y recomposer sans fin le tableau vivant de leur survie. Loin des films-cultes et de leurs vignettes pittoresques, Jarmusch saisit le mouvement réel des choses, son économie, sa grâce, et l'enregistre comme une respiration, un souffle.
Hervé le Roux - Cahiers du cinéma