Gasherbrum, la montagne lumineuse
Dix ans après la grande extase du sculpteur sur bois Steiner (1973), Herzog filme un autre athlète des hauteurs. Reinhold Messner — accompagné de l'alpiniste Hans Kammerlander — est sur le point d’être le premier à gravir, à la suite, deux sommets himalayens supérieurs à 8000 mètres, le Gasherbrum I et le Gasherbrum II.
D’un film à l’autre demeure l’image de l’exploit sportif comme métaphore de l’art, à quoi s’ajoute le projet, partagé par le cinéaste et par son sujet, de marcher jusqu’à la fin de la Terre. Mais le temps a changé, aussi. Steiner était taiseux, Messner est disert et soucieux d’alimenter sa légende. Le premier sautait plein cadre tandis qu’on ne voit rien, ou presque, de l’exploit du second. l’exaltation d’un exploit s’accompagne donc, en sourdine, de la critique d’une certaine emphase. l’ère des champions serait-elle bientôt close, chez Herzog ?
Emmanuel Burdeau