Zéro de conduite
Dans un collège de province, les élèves protestent contre la sévérité des professeurs. Quand l'un des pensionnaires est injustement puni, ses camarades préparent la révolte avec la complicité du nouveau surveillant.
Interdit de sortie tel un élève consigné, ce film « dénigrant l’instruction publique » n’obtint son visa qu’en 1945. Mais son succès ultérieur dans les cercles scolaires a peut-être émoussé sa réception. Le revoir aujourd’hui confirme sa force subversive, par-delà les souvenirs autobiographiques potaches. L’anarchie germe dans ce conflit entre adultes et enfants, l’administration du collège projetant sur deux élèves amis, Bruel et Tabard, un soupçon d’homosexualité. Trop gros (le professeur obèse qui caresse Tabard), trop petits (le principal joué par le nain Dolphin), muets (le surveillant général), ces représentants du pouvoir, à l’exception du pion chaplinien interprété par Jean Dasté, sont débordés par une jeunesse qui est le cinéma lui-même, expérimentant avec turbulence des truquages visuels et sonores via la musique de Maurice Jaubert. Le chahut au dortoir, parodie de procession, fait du cinéma un espace carnavalesque par excellence.
Charlotte Garson