Ponette
Ponette a quatre ans lorsque sa mère meurt accidentellement. Cette absence lui est insupportable. Elle lui parle, elle l’attend, elle la cherche avec une certitude, un entêtement de plus en plus grand. Personne ne pourra la convaincre de ne pas la retrouver.
Cette petite fille nous renvoie à tout ce que l’on ne veut pas voir, à tout ce que l’on ne sait pas dire, à tout ce que l’on voudrait taire. Aux idées fausses sur l’enfance que l’on croit nôtre, au temps que l’on espère immobile, à la mort qu’on exige lointaine. Dans son entêtement à ne pas devenir comme nous – plus ou moins résignés devant l’inéluctable – , Ponette est une obsédée magnifique. Comme toutes les héroïnes de Doillon (...) Et soudain, il y a son triomphe. Aussi poétique que dans un film de Cocteau. Avec cette séquence sublime – où Marie Trintignant apparaît – qui n’est en aucune façon une solution. Une justification. Rien qu’une récompense : « Cette petite fille était si méritante, dit Jacques Doillon, c’était une telle résistante que je devais lui rendre tout ce qu’elle avait donné avec une telle ferveur ». D’où le dénouement de ce film magique, le plus casse-gueule de Doillon, et assurément, l’un de ses plus beaux : une petite fille s’en allant, après avoir terrassé la mort, vivre sa vie.
Pierre Murat, Télérama (1997)