Daïnah la métisse
Sur un paquebot de luxe où elle accompagne son mari, Daïnah la métisse use de son charme étrange et de son exotisme troublant.
Ce film-poème se souvient de Gardiens de phare (1929) et préfigure Lumière d’été (1943). Le drame en pleine mer ne se situe plus sur un phare, comme dans le film muet, mais sur un paquebot, autre lieu clos où les passions s’exacerbent. On y retrouve les figures de la morsure et surtout de la chute fatale ; il y en avait une dans Gardiens de phare, il y en aura deux dans Daïnah : celle de la métisse, précipitée dans l’océan nocturne par le soutier, puis celle de cet homme fruste chutant au dénouement dans sa salle des machines. On pense à Lumière d’été, le monde des nantis tranchant sur celui des travailleurs ; la chaufferie préfigure le barrage, et les oisifs se donnent déjà en spectacle lors d’un bal masqué. Le sommet de Daïnah est le tour de magie alchimique suivi de la danse-transe de la métisse qui se pense libre.
Philippe Roger