Echos d'un sombre empire
A partir de 1945, le journaliste Michael Goldsmith parcourt l'Afrique, du Congo au Yemen, en passant par l'Algérie et l'Afghanistan, couvrant des conflits et des crises dramatiques et observant de près la façon dont les anciens pays coloniaux vivent leur indépendance. En 1977, il devient correspondant spécial en République centrafricaine et couvre le sacre de Jean-Bedel Bokassa qui s'autoproclame empereur. Accusé d'être un espion par le dictateur, il est arrêté et longuement torturé avant d'être relâché. C'est à travers son histoire que Werner Herzog nous invite à plonger dans la folie sanguinaire de l'Ogre de Berengo.
Ce n’est pas un documentaire qui entend raconter de manière factuelle la tyrannie de Bokassa, mais un film qui tente d’exprimer la façon dont un homme prisonnier d’un rêve peut faire basculer tout un pays dans l’horreur. Cette idée qui guide Herzog reste cependant en arrière-plan, s’insinuant de manière discrète et diffuse, le cinéaste s’effaçant derrière Michael Goldsmith dont il entend avant tout raconter l’histoire […] Le règne de Bokassa ne fait pas rire Herzog, tout comme il ne fait pas rire Goldsmith. En évacuant les séquences comiques du couronnement et en utilisant sur ses images le Trio pour piano en mi mineur de Schubert – toujours cet art unique qu’a Herzog pour combiner les images et les grands morceaux de musique -, ce qui émerge c’est toute la détresse d’un peuple condamné par la folie d’un homme.
Olivier Bitoun, DVDclassik.com