Faux mouvement
Fuyant une mère oppressante, le jeune Wilhelm se rend à Bonn pour devenir écrivain. Pour Wim Wenders, Faux mouvement a au moins deux origines. D’abord, le projet d’adapter avec Peter Handke le roman de Goethe, Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister. Du célèbre récit initiatique, Faux mouvement livre une version désenchantée.
Wim Wenders dira que le film « serait le voyage de quelqu’un qui a cet espoir de comprendre le monde, et pour qui le contraire se passe ». C’est Rüdiger Vogler, double de Wenders, qui interprète Wilhelm, un écrivain en panne d’inspiration qui quitte sa ville natale la rage au ventre. Il veut « simplement écrire, comme on veut marcher ». Les dialogues et la voix off écrits par Handke se caractérisent par un style économe et tranchant.
Faux mouvement déploie égalementune des grandes préoccupations de Wim Wenders à l’époque : filmer les paysages et son pays. Dans la trilogie du voyage, Faux mouvement constitue l’opus le plus politique, celui par lequel le cinéaste se confronte à l’Histoire de l’Allemagne, à sa part sombre. La critique allemande Lotte Eisner soulignera bien à quel point la dimension de révolte et le « dégoût profond devant un nazisme inextricable » sont liés à la renaissance tant attendue du cinéma allemand à la fin des années 1960.
Pauline de Raymond