La Ville Louvre
Pour la première fois, un grand musée dévoile ses coulisses à une équipe de cinéma : des œuvres quittent les réserves, on réorganise des salles, les gardiens essaient leurs nouveaux uniformes... Peu à peu des personnages apparaissent, se multiplient, se croisent pour tisser les fils d’un récit. La découverte d’une ville dans la ville…
Venu pour filmer un seul jour le déplacement de toiles monumentales de Charles Le Brun sur le chantier du Grand Louvre, Nicolas Philibert s’est « incrusté », comme un peintre s’incluant dans un tableau à la Renaissance. La clef qui tourne dans la serrure au début invite le spectateur dans les coulisses du musée, en l’absence de visiteurs, non pas pour s’approcher des œuvres en privilégié, mais pour observer des hommes et des femmes au travail. Jamais le patrimoine n’a paru moins figé, moins sûr de sa postérité, que dans les précautions hurlées par un ouvrier pour ne pas abîmer les toiles ou dans le doute d’un conservateur quant à l’accrochage. Une forme répond à une autre (les mannequins d’un cours de secourisme côtoient les statues antiques), et le cadre met en contraste les échelles (une archéologue parcourt de longs souterrains avec une poterie minuscule). Ouvert au romanesque, le musée porte l’empreinte de Belphégor et de merveilleux de La Belle et la Bête.
Charlotte Garson