Le Genou de Claire
Jérôme, trente-cinq ans, attaché d'ambassade, se rend près d'Annecy pour vendre la propriété familiale. Il y retrouve une ancienne amie, Aurora, romancière qui lui présente son hôtesse, Mme Walter, et sa fille Laura, une lycéenne de seize ans.
Grâce à l’impact inespéré de Ma nuit chez Maud aux États-Unis, grâce aux entrées à la Columbia de Pierre Cottrell (qui prend le relais de Barbet Schroeder pour produire les deux derniers Contes moraux), Rohmer tourne Le Genou de Claire dans des conditions presque luxueuses : pour la première fois, il se permet d’utiliser un rail de travelling et d’avoir un photographe de plateau. Pour l’essentiel, il reste fidèle à son économie, en faisant camper sa petite équipe en colonie de vacances au bord du lac d’Annecy. Il réitère l’expérience inaugurée avec La Collectionneuse, et qui consiste à faire jouer ses acteurs avec leur vrai vocabulaire, leur personnalité. Surtout, sous le masque souriant de Jean-Claude Brialy, il poursuit un autoportrait imaginé vers 1950. C’est celui d’un ogre affamé de chair fraîche - mais qui, en se contentant de toucher le genou de l’adolescente désirée, prend le chemin de la sublimation artistique.
Noël Herpe