Les Parapluies de Cherbourg
Un jeune couple amoureux est séparé par la guerre d'Algérie. Pour éviter la faillite et le déshonneur à sa mère endettée, la jeune fille, enceinte, se résigne à épouser un riche diamantaire.
Les Parapluies de Cherbourg est cinglant comme un opéra populaire, tenu de bout en bout par la partition originale de Legrand qui crée chez le spectateur un effet voulu de distanciation et de plaisir. Mélange de thèmes symphoniques et jazzy, la musique est là pour donner à la blessure des amoureux Geneviève et Guy une beauté profonde et ténébreuse, sans forcer sur le lyrisme. Sur fond de guerre d’Algérie, le film commence par briller en surface, avant de montrer une arrière-boutique pleine de cruauté sourde. La caméra, flottante, laisse l’onirique surgir dans le réel, mais n’évite jamais de filmer les trous et les salissures des murs. Tourné en décor naturel (le contraire des musicals hollywoodiens en studio), avec les extraordinaires papiers peints de Bernard Évein, aux teintes en totale osmose avec l’intériorité des personnages, le film dépeint un monde purement émotionnel, sans ironie.
Matthieu Orléan,
La Cinémathèque française