Pauline à la plage
Pauline passe l'été chez sa cousine Marion. Sur la plage, Marion rencontre Pierre, un ancien soupirant qui lui fait une déclaration brûlante. Elle le repousse et se jette dans les bras d'Henri, que Pierre a a été contraint de lui présenter.
Friponnes de porcelaine. C’est ainsi que s’intitulait une continuité dialoguée écrite par Rohmer dans les années cinquante, et dont il destinait le rôle principal... à Brigitte Bardot. Un quart de siècle après, sous le titre Loup y es-tu ? (qui ne deviendra que plus tard Pauline à la plage), il reprend ce canevas pour en accentuer le caractère théâtral : réunis dans une villégiature de vacances, trois prédateurs mâles et leurs proies féminines se déchirent à belles dents, se trompent et se jalousent. Autour d’un malentendu digne de Feydeau, on entend se déchaîner une cacophonie d’opinions, comme si le langage avait renoncé à rendre compte de la réalité (“Qui trop parole, il se mesfait”, disait déjà Chrétien de Troyes, cité au début du film). La beauté pourtant se fraie un chemin à travers ce labyrinthe : celle des corps et des visages des interprètes. Celle du cinéma tout court, qui le temps d’un plan ravive des épiphanies venues de Murnau ou de Matisse.
Noël Herpe