Sous le soleil de Satan
Menou-Segrais, curé doyen d’un petit village du Nord, a pris sous sa houlette l’abbé Donissan qui, habité par une quête d’absolu mais aussi par le doute à assumer sa vocation, s’inflige des mortifications. Mouchette, seize ans, enceinte de son amant le marquis de Cadignan, le tue lorsqu’il refuse de la suivre. Elle se confie alors à l’abbé Donissan...
Sous le soleil de Satan adapté de Georges Bernanos, voit le jour en 1987. La transposition est périlleuse (opérée par Sylvie Danton) ; l’ombre de Robert Bresson (que Pialat admirait tant) plane sur l’oeuvre de l’écrivain. C’est l’occasion aussi pour Daniel Toscan du Plantier, fidèle producteur depuis Loulou, de s’épanouir totalement. Le tournage a lieu dans la région bocagère du Boulonnais. Evictions, remplacements, arrêts, reprises, crises de nerfs, etc. Sous le soleil de Satan n’échappe pas à la règle : un film de Pialat ne peut se concevoir dans la sérénité artistique. Pialat est seul avec Satan… il tombe malade, épuisé physiquement et nerveusement et accouche de son film dans la douleur. Il ne veut pas faire un beau film (il avait une sainte horreur du “beau académique”) ; il fera simplement un grand film. Bonnaire est saisissante en Mouchette, Depardieu grandiose en Donissan car habité comme l’est son personnage par sa rencontre avec le Diable.
Rémi Fontanel