Tous les autres s'appellent Ali
Dans un bar fréquenté par des travailleurs immigrés, Emmi, veuve d'une soixantaine d'années, fait la connaissance d'Ali, un Marocain de vingt ans de moins qu'elle. Ali s'installe chez elle dès le lendemain, puis ils se marient. Les enfants d'Emmi, ses voisines, ses collègues sont scandalisés par cette union
Rainer Werner Fassbinder se livre à un exercice d’admiration en transposant un mélodrame flamboyant de Douglas Sirk dans la grisaille de la petite bourgeoisie munichoise. Tous les autres s’appellent Ali est le remake avoué de Tout ce que le ciel permet, avec des références directes au film de Douglas Sirk réalisé en 1955. Fassbinder a compris la violence politique et le féminisme du cinéma de Sirk, sous le vernis hollywoodien. Il réussit un film distancié et cruel qui décortique les rapports de soumission et de domination au cœur des histoires d’amour, un sujet qui traverse toute son oeuvre. Le cinéaste y dresse le portrait de l’Allemagne moderne et des exclus du miracle économique. L’exaspération des sentiments y côtoie les cicatrices du nazisme.
Olivier Père, Arte.tv