Âmes Libres
La fille d’un avocat tombe amoureuse d’un élégant gangster que son père a défendu avec succès…
Qui, finalement, est « libre » ?
Telle est la question profonde que le film pose à ses spectateurs. Est‑ce la jeune femme bien née qui répond à son attirance sexuelle pour un gangster, tout en refusant de l’épouser ? (La grande bourgeoise veut le sexe asocial et clandestin ; le hors‑la‑loi réclame la norme.) Est‑ce son père, qui méprise les préjugés de son milieu d’origine, tout en refusant que sa fille se marie en dehors de ce milieu ? Tous ces personnages, tragiquement happés par leurs addictions (à l’alcool, au sexe, à l’argent, aux liens du sang, à la violence), sont‑ils des âmes libres, ou bien captives ?
À la fin de Âmes Libres qui, fidèle au style du Pré‑Code, préfère l’ambiguïté et ses abîmes à la platitude sans mystère de la norme, le spectateur demeure longtemps hanté par cette énigme.
Hélène Frappat