
Ceux qui m'aiment prendront le train
Le peintre Jean-Baptiste Emmerich avait déclaré avant de mourir : « Ceux qui m'aiment prendront le train ». C'est comme cela que amis, vrais ou faux, les héritiers, la famille naturelle et non naturelle, tous ont pris le train gare d'Austerlitz. Il y a des familles qui ne se réunissent qu'aux enterrements.
(...) Du théâtre, on retrouve en effet la notion de troupe (composée cette fois de Charles Berling, Valeria Bruni-Tedeschi, Vincent Perez, Roschdy Zem, Dominique Blanc, Pascal Greggory, Bruno Todeschini, Olivier Gourmet…, tous à leur meilleur), de spectacle collectif dont Hôtel de France avait offert une première tentative. Et, dix ans après une mise en scène historique de Hamlet, il conçoit la figure du fantôme paternel par qui le drame (et aussi la comédie) arrivent, et qu'interprète magistralement Jean-Louis Trintignant. Mais les dimensions les plus marquantes sont ici ce qui n'est pas directement accessible au théâtre, le déplacement dans l'espace, à la fois mobilité du lieu (le train) et mobilité du cadre (la virtuose caméra portée d'Éric Gautier) et la proximité physique des corps, au plus près des gestes, des frémissements, des brutalités, des épuisements.
Jean-Michel Frodon, La Cinémathèque française