Entre le ciel et l'enfer
Dans cette adaptation d’un thriller américain fortement mâtiné de Dostoïevski, Kurosawa aborde le sujet du choix moral avec une efficacité redoutable. Si le film commence sur le mode thriller autour du kidnapping d’un enfant et nous enferme dans un long huis clos étrangement ouvert sur le « monde d’en bas » vu des baies vitrées de la maison du héros du film, c’est pour mieux nous surprendre en nous entraînant dans une scène de remise de rançon tournée dans un train à grande vitesse éblouissante de maestria. Quand, ensuite, Kurosawa nous emmène dans les ruelles de la ville basse qui fait autant partie du portrait du criminel que la ville haute l’était de la victime, on se laisse totalement prendre par cette mise en scène admirable de l’espace divisé en « ciel » et en « enfer », incarné dans des personnages très humains, plus qu’humains.
Catherine Cadou