La vie quotidienne d’une école « à classe unique » dans un petit village d’Auvergne.

Être et avoir doit être revu aujourd’hui non comme une douce utopie mais comme le fi lm composite qu’il a toujours été : un conte, ouvert sous la neige et clos dans les blés, en même temps que le portrait d’un enseignant charismatique et qu’une réfl exion sur ce qu’apprendre et grandir veulent dire. La tortue qui, au début, chemine dans la classe encore vide, donne un indice au spectateur : le temps est l’élément-clé de la maturation à la fois incertaine et presque miraculeuse que le fi lm, lui-même soumis au temps de sa fabrication, va saisir. Temps du tracé d’une boucle ou d’un chiffre, temps des saisons que l’environnement rural intègre au quotidien, temps de l’année et demie qui reste à l’enseignant avant sa retraite. Aucune nostalgie ici, mais l’évidence d’une écoute partagée par l’instituteur comme par le cinéaste, trouvant en lui une figure jumelle, équilibre précaire de maîtrise et de vulnérabilité.

Charlotte Garson