L'Ami américain
Pour assurer un avenir à sa famille, un homme condamné accepte le marché d’un trafiquant...
Avec L’Ami américain, Wim Wenders transplante à Hambourg l’imaginaire du film noir américain et se livre à une formi- dable relecture réflexive du genre, n’ayant rien à envier à ses plus beaux fleurons.
Jonathan (Bruno Ganz), modeste artisan encadreur dont les jours sont comptés, croise la route d’un Americain négociant en œuvres d’art, qui le convainc d’exécu- ter un contrat pour le compte d’un riche homme d’affaires francais. Un vortex aventureux semble alors aspirer Jonathan hors de son existence bien rangée, pour le transporter au cœur d’une dimension funèbre mais néanmoins excitante. Hanté par la morbidité, trempé du climat humide de son décor portuaire, illuminé par des clairs-obscurs glauques, L’Ami américain investit la division des deux Allemagnes comme l’écran paranoïaque où s’engouffrent les ombres mouvantes d’une cinéphilie constituée. C’est pourquoi l’on retrouve, dans des rôles de gangsters, des « pères » en cinéma (Nicholas Ray, Samuel Fuller). Entre Paris, Hambourg et New-York, le film caresse une urbanité maussade et lugubre, dont la froideur anticipe l’atmosphère des années 1980.
Mathieu Macheret