La Collectionneuse
À Saint-Tropez, un jeune homme rencontre une fille, belle et libre, qui collectionne les garçons.
Comme la plupart des Contes moraux, La Collectionneuse est la reprise cinématographique d’une nouvelle écrite vingt ans plus tôt. Comme dans La Carrière de Suzanne, Rohmer y oppose deux types masculins (le Don Juan et l’indécis), autour d’une figure féminine mystérieuse et qui met en échec leur machisme. Mais en l’occurrence, il dissimule cette thématique personnelle sous l’observation d’un microcosme : les nouveaux dandys des années soixante, dont l’élitisme arrogant vient réincarner celui des Hussards des années quarante. Il choisit trois jeunes gens croisés dans les mondanités, dont l’artiste conceptuel Daniel Pommereulle. Il les isole dans une villa, il les invite à utiliser leurs propres mots et il les regarde se déchirer à belles dents. Cette dimension “documentaire”, mêlée à la beauté des corps et des images de Nestor Almendros, vaudra à La Collectionneuse un succès de curiosité. C’est la première fois (et certes pas la dernière) que Rohmer est en phase avec l’air du temps.
Noël Herpe