La Comédie du travail
Françoise Duru, employée d’une agence pour l’emploi, est amoureuse d’un chômeur. Elle fait tout pour lui trouver du travail, alors que chômer est son seul but
Neuf ans après son précédent long métrage, Genèse d'un repas, où il explorait le contenu de nos assiettes, Luc Moullet plonge dans le monde du travail et aborde le sujet complexe du chômage. De l'importance démesurée du réseau à l'absurdité hiérarchique, il s'applique à tourner en dérision une réalité tragique qui perpétue un système inégal. Dans ce ballet de mouvements, de réflexions et de comportements, ses personnages subissent de plein fouet l'injustice du marché. En opposant un sans-emploi épanoui et un salarié soudainement licencié, Luc Moullet interroge le statut donné au travail et la valeur qu'il accorde à une personne. Au cœur d'une société construite autour de l'emploi, il représente deux parcours différents, deux itinéraires adaptés aux personnalités et aux envies de chacun. Pour le réalisateur, cette quête de sens n'a rien de superflu : elle est, au contraire, la preuve que d'autres modes de vie existent et qu'ils peuvent devenir indispensables pour stimuler la créativité et la curiosité. Prix Jean-Vigo en 1988, La Comédie du travail n'est jamais une futile ode à l'oisiveté mais plutôt l'illustration intemporelle d'un ordre établi qui peine à être renouvelé.