La Moindre des choses
Au cours de l'été 1995, fidèles à ce qui est désormais devenu une tradition, pensionnaires et soignants de la clinique psychiatrique de La Borde se rassemblent pour préparer la pièce de théâtre qu'ils joueront le 15 août.
Nicolas Philibert aime à raconter que lorsqu’il filmait La Moindre des choses, un des pensionnaires de la clinique psychiatrique La Borde parlait du tournage comme de « l’atelier cinéma » : les activités du lieu avaient ainsi gagné sur le fi lm en cours... « On est entre nous, mais vous aussi maintenant vous êtes entre nous », lui lance d’ailleurs un des patients. Au sein de l’atelier théâtre où se répète une pièce de Witold Gombrowicz, patients et soignants travaillent ensemble sans qu’il soit facile ou nécessaire de départir les uns des autres. C’est d’un travail semblable que procède le cinéaste, qui cherche autant que ceux qui sont devant sa caméra, et se laisse lui-même regarder, en un retournement salvateur du point de vue habituellement posé sur ceux qu’il se résout à appeler, comme eux-mêmes, « les fous ». « Quand les choses humaines sont à l’étroit dans les mots, le langage éclate » : la phrase de Gombrowicz sonne comme une clé de ce qui s’élabore dans le film, par-delà les mots.
Charlotte Garson