La Terre de la folie
Partant du constat de n’être pas « quelqu’un de très normal », Luc Moullet enquête sur le « pentagone de la folie » dans les Préalpes du Sud. Il recueille des témoignages sur une quarantaine de crimes irrationnels et élabore des théories sur les origines de ce phénomène.
Dès les premières images, Luc Moullet plonge le spectateur dans son antre, en lui faisant visiter sa maison et les moindres recoins de sa cave. Facétieux narrateur, assumant son besoin de solitude et sa réserve naturelle, il élabore un décor approprié pour démarrer une enquête sur un meurtre commis dans sa région, les Alpes du Sud. Avec le plus grand sérieux, le cinéaste se lance dans un exposé des faits qui laisse s'entrechoquer descriptions sordides et détails loufoques, capables d'illustrer son engouement pour le sensationnalisme. Visiblement passionné par l'investigation, Luc Moullet triture les codes des émissions de faits divers et s'amuse des désordres psychologiques d'habitants devenus personnages de cinéma. Entre tragédie et comédie, La Terre de la folie dessine un drôle de « pentagone » – ainsi nommé par le réalisateur – où les sombres pulsions de l'humain s'éclairent au contact d'un regard burlesque et décalé.