Le Château de l'araignée
Magistrale adaptation cinématographique de Macbeth, c’est surtout la saga japonaise d’un seigneur félon ayant réellement existé dans le Moyen Âge nippon qui, au lieu de rencontrer des sorcières, trouve sur son chemin un esprit malin venu directement du théâtre nô. Ici, la théâtralité assumée du film relèvera pleinement du théâtre nô que Kurosawa appréciait beaucoup et connaissait fort bien. Et pour humaniser l’épouse démoniaque, le cinéaste en fait une mère se battant pour l’enfant qu’elle porte en elle. L’image la plus célèbre du film, malgré tout transnational, le résume : son héros meurt criblé de flèches bien japonaises à la manière d’un Saint Sébastien éperdu mais conscient jusqu’au bout d’avoir été le jeu des forces du mal qu’il n’a pas su rejeter.
Catherine Cadou