Le vieux professeur de médecine Isak Borg traverse le pays pour être décoré, se repenche sur sa vie passée, rencontre divers individus sur le trajet et médite sur la vanité de l’existence.

Pour ce film célèbre, le cinéaste s’est inspiré de ses propres obsessions et de la personnalité autoritaire de son père. Victor Sjöström incarne à merveille le Pr Borg : ce vétéran du cinéma suédois avait guidé les premiers pas de Bergman et jouait déjà dans Vers la joie (1950). Les scènes de cauchemars sont saisissantes, notamment celle du prologue expressionniste aux images surexposées. À la nostalgie des flash-backs s’oppose la cruauté du présent : un couple marié s’entredéchire comme dans les pièces de Strindberg, et le vieillard se fait dire ses quatre vérités par sa bru, incarnée par Ingrid Thulin dans son premier grand rôle.
N.T. Binh, Ingmar Bergman, le magicien du Nord (Gallimard, 1993)