
Les Noces rouges
L'histoire d'un double adultère et double crime passionnel dont les protagonistes sont des notables provinciaux.
Le triangle central du film se fonde sur un trio réjouissant et talentueux : Michel Piccoli, Claude Piéplu, Stéphane Audran. Pour Chabrol, Piccoli est « l’un des interprètes les plus géniaux de l’ambiguïté bourgeoise ». Piccoli incarne superbement la dualité du personnage. D’un côté, le corps amoureux, robuste, massif, sanguin, animal, dans le registre du film Themroc, de Claude Faraldo, qu’il vient de tourner ; de l’autre, le corps de l’homme ordinaire vivant dans un quotidien banal, multipliant les gestes prosaïques, mangeant sa soupe avec des grands slurp, préparant les gouttes de sa femme qu’il finira par empoisonner. (…). Pour Stéphane Audran, le film est un peu particulier puisqu’il suit de peu sa rupture avec Chabrol (…) Paradoxalement cela apaise leur relation sur le plateau. Comme si le cinéaste, désormais, dirigeait davantage l’actrice que sa femme (…) Mais la révélation du film est incontestablement Claude Piéplu. Chabrol et Audran l’ont repéré chez Buñuel dans Le Charme discret de la bourgeoisie, film qui s’avère pour Les Noces rouges une véritable matrice, un étalon de jeu.
Antoine de Baecque, Chabrol, Stock (2021)