Lumière d’été
Un châtelain désœuvré, un artiste alcoolique et un ingénieur tombent amoureux de la même femme.
Fantaisie baroque incrustée au cœur d’un cinéma porté au plus pur des classicismes, Lumière d’été semble répondre par bien des points à La Règle du jeu (1939) de Renoir. Les automates des deux films suggèrent les forces obscures qui gouvernent les êtres. A la place de la Danse macabre de Saint-Saëns, La Danza de Rossini rythme cette farandole sur un volcan, près d’un abîme où l’on risque de chuter. Grémillon filme avec passion le chantier d’un barrage, ses ouvriers évoquant une équipe de tournage tendue vers l’accomplissement de l’œuvre en train de s’édifier. Le cinéaste conçoit chacun de ses plans à la beauté austère comme autant de barrages, de murs bâtis en vue de colmater pour un temps des flux d’énergie peu contrôlables. Dans cet effort se perçoit le sens classique d’une grandeur qui entend sublimer le chaos du monde.
Philippe Roger