Mère Jeanne des Anges
Pologne, XVIIème siècle. Le Père Suryn est envoyé comme exorciste dans un cloître dont les soeurs seraient possédées par divers démons. Plusieurs exorcistes s’y sont succédés sans résultats. Garniec, le curé et confesseur de la communauté, accusé de sorcellerie, est mort sur le bûcher peu de temps auparavant. A son arrivée, Mère Jeanne, la supérieure du couvent, provoque d’emblée le religieux.
Tout est contraste et fracas, mais avec une retenue, avec pudeur et un mutisme qui laisse place à une bande-son envoûtante. Cloches, chant des nonnes, écho des voix dans la chapelle déconstruisent la rigidité de l’espace et ramènent dans les plans, le plus souvent rapprochés, un hors-champ moins spirituel qu’instinctuel. L’enjeu dramatique du film émane de cet impeccable gothique minimaliste qui réinjecte un peu de nature humaine dans la rigidité d’une Pologne communiste éminemment pieuse. Ode à la lutte, Mère Jeanne des anges reste encore aujourd’hui un ensorcelant pamphlet.
Estelle Bayon - Critikat