Pattes blanches
Dans un petit port breton, Jock installe chez lui Odette. Celle-ci devient la maitresse de Kériadec, châtelain ruiné, et de Maurice, son demi-frère qui le hait et veut se venger de lui.
Le moins inachevé de ses longs métrages cabossés d’après-guerre, Pattes blanches est une œuvre composite à multiples facettes, associant bien des registres. Il y a le sombre Michel Bouquet et la lumineuse Arlette Thomas, le jeune couple du Printemps de la liberté, projet essentiel qui venait d’échouer. Maigre et possédé, Bouquet évoque la fièvre d’Antonin Artaud. Regard pur, Arlette Thomas porte une grâce intérieure qui ne la quittera pas. Homme blessé par les épreuves, Paul Bernard est à nouveau châtelain comme dans Lumière d’été, mais il a troqué sa parure chatoyante de perversion pour une tenue plus simple et plus humaine. En homme rude, Fernand Ledoux endosse un rôle tragique, distinct de sa composition de Remorques. Grémillon reprend la poésie bretonne dans cette œuvre grave illuminée par la musique d’Elsa Barraine.
Philippe Roger