Perceval le Gallois
Émerveillé par les armures étincelantes d'un groupe de chevaliers qu'il avait pris pour des anges, le naïf Perceval décide de devenir à son tour chevalier au service du roi Arthur.
Aucun film mieux que Perceval, peut-être, ne déploie le système des arts cher à Rohmer, tel qu’il l’a ébauché dans ses écrits. Il s’y livre en effet à une anthologie de toutes les pratiques esthétiques, représentées dans leur état archaïque et que seul le cinéma pourrait dépoussiérer. À l’origine, Le Conte du Graal, dont Rohmer retraduit les octosyllabes médiévaux dans une langue plus familière, tout en s’efforçant de conserver leur musicalité. Une musicalité que viennent prolonger les interventions d’un chœur. Cependant que les acteurs déambulent dans un espace circulaire (qui évoque la naissance du théâtre au Moyen Âge), et privé de toute perspective, pour mieux rester fidèle à l’optique de la peinture romane. Difficilement financé et tièdement accueilli, Perceval reste une passionnante interrogation sur les pouvoirs du septième art. On y voit se constituer une jeune troupe (Fabrice Luchini, Arielle Dombasle...), qui va irriguer les films de Rohmer pour les vingt années à venir.
Noël Herpe