Raging Bull
1964. Le champion de boxe Jake LaMotta est dans une loge, gros, le visage bouffi, un cigare à la bouche, il cite Shakespeare et déclare « Bien que je sache boxer, je préfère déclamer. Ça, c’est du spectacle. » Et sur cette dernière phrase, les coups pleuvent entre Jimmy Reeves et Jake LaMotta. Nous sommes en 1941. L’épopée glorieuse et chaotique du boxeur est en marche.
En 1980, après des mois d'un conflit intérieur qui manque de le laisser au tapis (« Il fallait que je me cogne contre le mur que j'avais devant moi »), grâce aussi à De Niro, son acteur fétiche, qui non seulement va délivrer une de ses plus grandes performances, mais encore sait le convaincre de la valeur d'un projet qu'il a initié et coécrit, Martin Scorsese, cinéaste italo-américain hanté par le religieux, raconte la vie du boxeur Jake LaMotta. Ou plutôt, il transfigure certains épisodes d'une biographie tumultueuse. Résultat : un film survolté et rigoureux, tantôt cadré à l'épaule et tantôt en longs plans fixes, alternant ralentis et accélérations, d'une intensité telle que le spectateur en sort comme boxé à son tour, épuisé d'avoir participé depuis sa place (...)
Bernard Benoliel, La Cinémathèque française