Vivre
Kanji Watanabe est chef de service du Bureau d’Accueil des Habitants depuis vingt cinq ans et tamponne des formulaires toute la journée. Le soir, il rentre chez lui auprès de son fils et sa bru qui attendent avec impatience sa mort pour hériter. Lorsque Watanabe apprend qu’il est atteint d’un cancer incurable, il décide de changer son quotidien et de faire quelque chose d’utile, une fois dans sa vie…
Vivre est sans doute le chef-d’œuvre intimiste le plus universel du cinéma. Si le personnage principal de Watanabe, ce vieux fonctionnaire atteint d’un cancer incurable, est devenu le héraut de la lutte contre une bureaucratie absurde et débilitante, c’est grâce à un scénario d’une audace inouïe. Avec ses deux co-scénaristes préférés, Kurosawa a choisi de faire mourir le héros au premier tiers du film après nous avoir fait partager les affres de la révélation de sa mort imminente. Tous les repères de sa vie bien rangée volent en éclat et il découvre, effaré, qu’il est passé à côté de l’effervescence étonnante d’un Tokyo en pleine reconstruction, moins de sept ans après la fin de la guerre. Fantastiquement interprété par Takashi Shimura, le vieil homme solitaire va alors vivre une aventure stupéfiante : ressusciter avant de mourir pour de bon. La plus grande partie du film se déroule en fait, après sa mort, dans un flash-forward complètement époustouflant et pétri d’un humanisme rarement égalé.
Catherine Cadou