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Films Publié le 07/07/2021

Bilan de la reprise 2021

Structuration des semaines 23 à 26 : fin mai/juin

L'analyse des 6 premières semaines de reprise d'activité cinématographique permet de tracer quelques grandes lignes de structuration du marché de la diffusion des films. Cette période a été clairement scindée en deux phases : celle de la reprise initiale marquée par les restrictions sanitaires et une deuxième phase de montée en charge régulière de l'offre de films porteurs et de la fréquentation générale. Cette poussée a été principalement portée par les films des filiales des studios nord-américains et des distributeurs intégrés alors que la première phase - aux conditions d'exploitations contraintes - avait permis une présence singulièrement importante des titres des distributeurs indépendants. 

 

Les volumes sur le marché

Sur la période du 22 mai au 29 juin, il est constaté - comme pressenti - une hausse très marquée du nombre de films inédits présents sur le marché : 76 films ont effectué leurs Sorties Nationales en 2021, contre 53 à 61 dans le même périmètre de 6 semaines entre 2016 et 2019. Cela équivaut à une moyenne de 12,7 films inédits par semaine, contre 9 à 10 en temps "normal".

Cette inflation des sorties de films se matérialise essentiellement chez les distributeurs indépendants de faible amplitude : la moitié des films nouveaux ont été sortis en 2021 par des éditeurs indépendants réalisant habituellement moins de 700 000 entrées annuelles, soit 38 films inédits (6,3 films par semaine contre 3 à 5 en temps "normal").

 

 

La moyenne de copies par film reste malgré tout comparable à celle observée en 2019, même si elle est sensiblement supérieure aux années précédentes : 195 copies par film contre 194 en 2019 et une fourchette de 159 à 177 précédemment.

 

 

Beaucoup de films ont alimenté le marché renaissant, et en conséquence le volume de copies SN occupant les écrans a augmenté : près de 15 000 copies en Sortie Nationale en 2021 contre un volume oscillant autour de 10 000 les années précédentes. Soit une occupation d'un peu plus de 40 % du parc national d'écrans pour ces seuls films en SN, contre 24 % à 30 % entre 2016 et 2019.

On dénombre sur ces 6 semaines de 2021 pas moins de 59 films disposant de plus de 400 copies sur le marché global (films en SN et en continuation) contre 44 seulement en 2019 ou encore 31 en 2018.

Ces 59 films à plus de 400 copies ont occupé en moyenne plus de 5 485 écrans par semaine en 2021, soit l'équivalent de 90 % des écrans du parc national, contre 67 % des écrans en 2019 ou 52 % en 2018 :

 

Cette présence massive (bien sûr, pas forcément en plein programme : disposer d'un écran n'implique pas nécessairement de le monopoliser une semaine entière) induit un espace très restreint pour tous les autres films sur le marché.

Sur le périmètre total de la reprise d'activité (mai/juin), on constate une présence moindre des filiales des studios nord-américains en termes d'occupation d'écrans (26 % des copies totales relèvent en 2021 des majors contre 34 à 44 % précédemment). Tandis que les distributeurs intégrés sont présents de façon relativement stable par rapport à 2017 ou 2018, ce sont les distributeurs indépendants qui sont particulièrement visibles : près de la moitié des copies nationales en 2021 ont été édités par des distributeurs indépendants ! C'est d'autant plus prégnant pour les distributeurs de faible amplitude qui ont participé de façon très active à la remise en place d'une offre diversifiée, notamment dans la période peu attractive des restrictions sanitaires : 20 % des copies ont été mises en place par eux contre 9 à 11 % entre 2017 et 2019. 

 

 

Ce constat d'une présence singulière de l'offre indépendante est tempérée par une tendance récente : celle du rattrapage des majors nord-américaines depuis que les restrictions sanitaires se sont desserées. Dès que les séances nocturnes et des jauges plus denses ont pu être assurées par les salles de cinéma, les majors ont clairement repris une position dominante sur le marché (55 % des copies étaient du fait des majors lors de la semaine 26 du 23 juin 2021 alors qu'elles ne représentaient que 12 à 15% du volume total lors des trois premières semaines de reprise) :

 

 

La fréquentation nationale

 

Le constat d'une présence singulière des distributeurs indépendants dans la première phase de la reprise se matérialise également au niveau des parts d'entrées. Sur la période entière, les majors nord-américaines réalisent une part d'entrée inférieure à leur habitude (51% tout de même mais c'est moins que les 68 % de 2019 ou les 61 % de 2018), tandis que les indépendants affichent un taux de 29 % des entrées contre 24 % en 2019 ou 19 % en 2018 et 2017.

 

 

Mais de la même façon que pour les volumes de copies, les parts d'entrées se concentrent autour des filiales nord-américaines lors de la deuxième phase de reprise, celle des conditions sanitaires allégées : 72 % des entrées en semaine du 26 juin ont été réalisées par les majors, et même 84 % lors de la semaine du 9 juin marquant le retour des séances de 21h. A l'autre bout du spectre, les éditeurs indépendants doivent se contenter d'un étiage de 15 % lors de la semaine du 23 juin ou de 16 % lors de celle du 9 juin.

 

 

L'érosion des films entre Sortie Nationale et continuation

Les semaines de reprise de 2021 sont caractérisées par un niveau d'attractivité des films nouveaux assez élevé et un tassement de la fréquentation des films en continuation (3ème semaine et plus). La part d'entrées des films en 3ème semaine d'exploitation minimum est un peu plus faible qu'usuellement : 33 % contre 35 à 42 % les années précédentes. La durée de vie des films semble donc - pour le moment - sensiblement amoindrie, tandis que l'attractivité des films très frais suscite l'appétence des spectateurs (42 % des entrées sont faites en SN contre 36 à 39 % usuellement, et 68 % pour les deux premières semaines contre 61 à 66 %). Ce possible raccourcissement de l'exploitation des oeuvres au profit des toutes premières semaines de diffusion (une tendance qui reste à confirmer ces prochains mois) est un indicateur à particulièrement scruter en cette période de réactivation du marché.

 

 

L'érosion des entrées entre Sortie Nationale et 2e Semaine semble comparativement moins forte en 2021 : cette perte est de l'ordre de 37 % pour tous les films sortis alors qu'elle était de 45 à 51 % entre 2017 et 2019 (le comparatif s'effectue pour chaque année dans la période précédant les Fêtes du Cinéma afin d'éviter toute distorsion d'analyse).

Les films des distributeurs indépendants subissent les plus grandes érosions et semblent avoir plus de difficultés à faire tenir leurs films dans la durée.

Ce sont les éditeurs de dimension modeste qui perdent le plus de spectateurs en route : - 45 % d'entrées de la SN à la S2 pour les films de ces éditeurs à moins de 700 000 entrées annuelles. Les indépendants à plus de 700 000 entrées perdent 39 % de leurs entrées quand les majors en laissent échapper 37 % et les distributeurs intégrés seulement 21 %.

 

Sources des chiffres bruts : distributeurs, cbo boxoffice.