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Journées professionnelles Publié le 30/07/2018

« Cinéma et Handicap »

26 avril 2018 Tonneins

organisée par le cinéma Rex de Tonneins et Ciné-sens
avec le concours de l’ADRC, CINA, ECRANS 47

La démarche « inclusive » est un enjeu crucial pour les salles de cinéma, lieu d’animation et de culture.

Les atteintes sensorielles se manifestent sous une multiplicité de formes et touchent une population importante qui va bien au-delà du public en situation de handicap. Le vieillissement de la population et du public du cinéma, fait que cette préoccupation doit être grandissante tout comme l’est celui de l’accessibilité physique aux salles. A ce titre, la loi de 2005 prévoit l’accessibilité « universelle » aux personnes en situation de handicap, quelle que soit sa forme. Le cinéma doit s’adapter pour répondre aux attentes du public.

Est-il nécessaire de rappeler que le cinéma est la première sortie culturelle en France, toutes générations confondues ?

Cette table ronde a pour objectif de sensibiliser le secteur de l’exploitation aux enjeux et techniques pour assurer l’accessibilité des personnes en situation de handicap sensoriel.

Présentation des intervenants :

 

Corentin BICHET, chef du service de l’exploitation du CNC, Cécile DUMAS, déléguée générale de Ciné Sens, Christian LANDAIS, architecte et responsable du Département d’études de l’ADRC, Jean-Claude VENIEL, président d’Écrans 47 et du Cinéma Rex.

Outre les cinémas participants, un certain nombre de personnalités ou structures étaient présentes :         Dante RINAUDO, maire de Tonneins, Nadège LAUZZANA, élue à Agen et vice-présidente de l’ADRC, Michaël PITOISET, Ciné Service – Bordeaux, Laetitia RAUSCENT, adaptatrice pour l’audio-description

et le sous-titrage, l’Association SME 24-47 (Sourds et Malentendants de Dordogne et Lot-et-Garonne)

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Il ressort de ce débat que la question du handicap sensoriel (auditif et visuel) passe souvent au second plan, après celle de l’accessibilité physique compte-tenu des enjeux économiques et techniques. Or, la loi sur l’accessibilité des établissements recevant du public (ERP) prévoit, que dans une démarche « inclusive », tous les spectateurs (quel que soit leur niveau de handicap) puissent « bénéficier des prestations » en vue desquelles l’établissement a été conçu.

L’accessibilité sensorielle concerne à la fois des dispositifs de luminance, d’acoustique ou de signalétique pour une meilleure orientation dans l’espace, mais aussi l’accessibilité des films.

Permettre à un film d’être accessible, c’est répondre à un devoir d’inclusion de chaque individu dans la vie sociale mais c’est aussi une façon de rendre hommage à la salle de cinéma, vecteur de mixité.

 « Un arrêté sur les établissements à prestations visuelles et sonores »

Prévu par la loi de 2005, un arrêté spécifique aux établissements à prestation visuelle et sonore prenant en compte le handicap sensoriel devrait bientôt paraître. Il abordera les modalités exigibles pour la transmission des sons, la diffusion du sous-titrage et celle de l’audiodescription. Il précisera également les possibilités de dérogation concernant les mesures citées ci-dessus.

 « Différentes solutions existent pour mettre en œuvre les procédures énoncées »

  • L’audiodescription, par l’intermédiaire d’une voix-off, raconte tout ce qui se passe à l’image, en respectant le rythme et l’ambiance du film. Système individuel à l’aide d’un casque.
  • Le sous-titrage SME retranscrit, en plus des dialogues, les sons du film avec un code couleur et par la mise en place du son renforcé.

Le système « Audio Everywhere » est disponible dans la salle : il permet d’écouter l’audio-description avec le son renforcé durant la séance. Il s’agit d’un des systèmes individuels disponible sur smartphone.

Mise en œuvre des outils

Les sous-titrages ne nécessitent pas de matériel spécifique. Par contre, la question de la perception des sous-titres par le public classique se pose, Elle est couramment bien acceptée si le public est informé avant la séance. Le cas échéant, la mise en place des séances dédiées doit être arbitrée.

La boucle sonore magnétique : le son renforcé est assuré par l’utilisation d’une boucle magnétique collective relayant le son du film dans les prothèses auditives ou les implants des spectateurs. Cette boucle est aujourd’hui très utilisée car elle présente les avantages de la transparence et de l’autonomie. De plus, elle ne demande à l’utilisateur que de régler son appareillage. Cette solution est d’ailleurs préconisée dans l’arrêté à paraître. Néanmoins, une précaution s’impose. Celle de veiller à bien la poser afin d’éviter tout risque d’interférences entre les boucles. Pour ce faire, il est recommandé de se référer au guide disponible sur le site de la DMA (Délégation Ministérielle à l’Accessibilité) qui explique aussi le fonctionnement de l’équipement.

Boitiers sonores individuels : parmi lesquels, le boitier Fidelio. Il prend en charge l’audiodescription et le son renforcé. Il est fourni par le cinéma, le temps de la séance. Également disponible, le dispositif CinemaConnect qui propose les mêmes services mais cette fois-ci par le biais d’une application sur smartphone. Enfin, le dispositif Greta et Stark, exclusivement sur smartphone, fonctionnant par reconnaissance puis synchronisation de l’application avec la bande-son du film.

Ciné Sens met à disposition sur son site des modules de E-learning pour aider et sensibiliser le personnel des cinémas. Le document réalisé par la FNCF et le site du CNC peuvent également être consultés.

« Le CNC prend en compte l’accessibilité sensorielle pour le parc de salles »

Le CNC travaille sur la réglementation de la loi 2005 s’appliquant à préciser ce qu’est l’accessibilité sensorielle tout en veillant à son évolution.

Il informe les exploitants et le public sur les obligations réglementaires.

Il se pose la question du financement des travaux à entreprendre, tant au niveau de l’accessibilité des films que des salles, par l’intermédiaire du compte de soutien automatique et des aides sélectives.

Le CNC est à ce jour préoccupé par le peu de retour sur les usages de ces équipements et sur les difficultés générées par leur mise en place.

Le CNC vient de créer un poste centré autour du handicap et de l’accessibilité aux salles. Cette personne (Isabelle Hébrard) servira d’interlocutrice unique sur ces questions.

« Il faut continuer à développer l’offre de films accessibles »

Depuis 2013, l’ADRC réalise à la demande CNC une analyse statistique du niveau d’accessibilité des films que l’agence met en circulation. Sans être exhaustif, cette analyse permet de mesurer l’évolution de l’accessibilité des films. En 2016, 40 % des films sont accessibles tandis que les films de forte diffusion sont équipés à 80 %. Les films de diffusion plus modestes et Art et essai ne le sont qu’à seulement 20 à 30 %.

Ces chiffres sont aujourd’hui en progression, notamment pour les films français. Il reste un point de difficulté pour les films étrangers art et essai. On constate ainsi une fracture culturelle.

Un problème récurrent est soulevé. Celui du manque de dialogue entre les exploitants et les distributeurs. En effet, ces derniers ne fournissent pas toujours des versions adaptées et omettent parfois de le préciser.

Pour éviter ce désagrément, la base CNC Cinédi donne des informations sur les films et mentionnent s’ils sont adaptés ou non, information que lui a transmis le distributeur. Autres sources possibles : le Film français, Côté Cinéma (aujourd’hui appelé Boxoffice), le site Ciné Sens, l’ADRC.

« Il est essentiel de communiquer »

Aller vers cette population, c’est apprendre à la connaître. Cela peut se faire par le biais d’associations ou de professionnels spécialisés mais aussi en passant par les relais nationaux autour de la culture et du handicap. Une médiation peut également s’organiser dans le cinéma via :

  • Le communiqué de presse.
  • Le petit lexique d’accessibilité, en privilégiant le format Word, les aveugles ne pouvant lire les PDF.
  • Les pictogrammes, dont la liste et les correspondances sont présents sur le site de Ciné Sens et la page « accessibilité » du site du CNC.
  • La création d’une page « Accessibilité » sur le site du cinéma, notamment pour renseigner les personnes sur les séances accessibles.
  • Le registre d’accessibilité, obligatoire depuis la mi-2017, est consultable par tout spectateur.
  • Il répertorie le niveau d’accessibilité et les moyens techniques dont dispose la salle, le contenu de l’ADAP, le cas échéant.

« Comment recevoir le public et former le personnel du cinéma à cet accueil ? »

Il est important de savoir accueillir ce public spécifique. Pour aider les professionnels dans cette démarche, un guide et des outils sur ce thème existe (guide de la DMA « Bien accueillir les personnes handicapées»", les sites internet de Ciné Sens et du CNC). La formation des personnels en contact avec le public est obligatoire pour les établissements de plus de 200 places (se renseigner auprès des organismes de formation et la FNCF).  

« Que tous les acteurs et professionnels du cinéma puissent être entraînés dans la direction recherchée »

Les salles de cinémas et les collectivités territoriales, souvent propriétaires, doivent s’associer à la réflexion sur ce sujet qu’est le handicap sensoriel. Les informations doivent circuler et les débats s’animer pour obtenir de réelles avancées. Les professionnels doivent se sentir concernés et impliqués.

Tonneins