Affreux, sales et méchants
Un bidonville de Rome, dans les années 60. Giacinto règne en tyran sur sa famille : sa femme, ses dix enfants, les conjoints, les amants et la grand-mère, tous logés sous le même toit, dans un taudis pouilleux. Tous acceptent son autorité et sa mauvaise humeur, car le patriarche acariâtre possède un magot d’un million de lires – reçues en dédommagement après avoir perdu un œil – que chacun espère lui voler...
Portrait acide et déformé du sous-prolétariat romain des années 60, pourri par les rapports d’argent qui régissent toute la société italienne, Affreux, sales et méchants est un curieux mélange de naturalisme et d’humour noir. Conçu au départ pour être un documentaire sur les borgate, ces baraques insalubres de Rome qui abritaient plus de 800 000 habitants dans les années 60, le film reprend à son compte, en les rendant burlesques et en les grossissant, des éléments dérivés du néo-réalisme italien de l’après-guerre. Scola n’a pas filmé dans les vrais bidonvilles de la capitale italienne, mais il les a reconstitués à proximité du dôme de Saint-Pierre, accusant ainsi la collusion du cléricalisme romain et de la droite politique.