Les Sentiers de la gloire
En 1916, durant la Première Guerre mondiale, le général français Broulard ordonne au général Mireau de lancer une offensive suicidaire contre une position allemande imprenable, surnommée « La fourmilière ». Au moment de l’attaque, les soldats tombent par dizaines et leurs compagnons, épuisés, refusent d’avancer…
Ce film subversif, par sa dimension idéologique et son antimilitarisme, montre pour la première fois au cinéma un sujet tabou : l’exécution pour l’exemple de soldats français accusés (ici à tort) d’actes d’indiscipline. La guerre y apparaît comme une succession d’abus de pouvoir de quelques généraux arrivistes qui n’hésitent pas à sacrifier des soldats pour leur gloire personnelle. Un des traits dominants de cette réalisation au style percutant est son cynisme, sa noirceur, pour ne pas dire son immense pessimisme. À l’image de cet incroyable travelling dans une tranchée, au moment de l’offensive, conduisant vers l’enfer du combat, on a l’impression qu’il n’y a pas d’autre issue que la mort inutile. Rarement un film aura ouvert avec une telle efficacité narrative et formelle la voie de la transgression, déchaînant les passions d’une façon méconnue auparavant.
Laurent Véray