Zabriskie Point
Mark, un étudiant radical recherché par la police après une émeute sur un campus de Los Angeles, vole un avion de tourisme. Il rencontre dans le désert une jeune femme, Daria.
L’EXPÉRIENCE DU VIDE
Le désert américain de Zabriskie Point (1970) et celui, africain, de Profession : reporter (1975) accentuent ce que l’on pouvait deviner dès l’île rocailleuse de L’Avventura (1960), dès les terrains vagues desséchés et poussiéreux de La Nuit (1961), dès le béton des modernes périphéries urbaines de L’Eclipse (1962). Et l’effacement des repères dans la réalité traduit la perte des repères sociaux et moraux. Pour les personnages d’Antonioni, le désert apparaît comme un lieu paradoxal, celui du détachement extrême, à la fois utopique et vierge qui autorise l’apesanteur et l’immersion des corps des hippies dans la poussière ocre-grise de Zabriskie Point. Le désert, c’est également l’espace de l’expérience de la schizophrénie, de la perte de soi : l’exil sans fin du reporter, interprété par Jack Nicholson. Zabriskie Point et Profession : reporter sont sans doute les deux films d’Antonioni qui traduisent le mieux les puissances picturales du XXè siècle. Le hiératisme de Marc Rothko, la danse fébrile de Jackson Pollock... Autant d’artistes desquels Antonioni fut le contemporain et qui l’impressionnèrent.Dominique Païni (La Cinémathèque française)