La Drôlesse
François, vingt ans, rejeté par son entourage, kidnappe Madeleine, onze ans. La fillette, tout d'abord apeurée, devient la complice de François et prend rapidement les rênes de ce jeu interdit. Et chacun, difficilement, maladroitement, commence à donner à l'autre un peu de son immense amour... Ensemble, ils tentent innocemment de s’inventer le foyer dont ils ont toujours rêvé.
Quand je veux faire La Drôlesse, il me faut deux ans pour trouver trois sous et Yves Robert (Les Productions de La Guéville) pour que le film se fasse. Faire des films “bricolés” n'était pas seulement une volonté de tout contrôler, d'être dans mon coin et d'être assez peu emmerdé avec l'industrie, c'était aussi qu'il y avait très peu d'argent sur la table à chaque fois pour ces films là. Simplement à l'époque, les films se remboursaient et pouvaient s'enchaîner. Il n'y a pas une volonté préalable à la fabrication des films. Je ne choisis pas des sujets, mais des petits fragments de dialogues, de silences, que j'entends, que je note, que je copie, que j'entends dans ma tête. Mes films sont assez peu autobiographiques du moins au sens où on l'entendait d'Eustache à Pialat en passant par d'autres. Je suis assez loin de ça.
Jacques Doillon
propos recueillis par Bernard Payen,
Cinémathèque française (2006)