La Veuve de Saint-Pierre
Saint-Pierre, une petite île française perdue près du Canada, en 1850. Une nuit, un homme est sauvagement assassiné. Le coupable, Neel Auguste, est condamné à mort. Mais à Saint-Pierre, il n’y a ni guillotine ni bourreau. Le gouvernement français promet d’y remédier mais l’attente risque d’être longue. Il faut faire venir la « veuve » de France, cette mère patrie si lointaine. En attendant, Neel est placé sous la surveillance du capitaine et attend son exécution avec humilité. Madame « La », épouse du capitaine, va s’intéresser de près au sort du condamné.
Malgré des choix antithétiques de mise en scène et un radical changement de ton, La Veuve de Saint-Pierre est un prolongement de La Fille sur le pont, également interprété par Daniel Auteuil. Après avoir évoqué la magie de la rencontre et l’exaltation liées à la naissance d’un amour fou, Patrice Leconte filme la fougue de deux amants devenus mari et femme. Le parti pris du noir et blanc s’oppose à celui de la couleur, le monde des paillettes à l’austérité la garnison de Saint-Pierre-et-Miquelon en 1850, mais ce qui fait l’unité de ces deux films est la peinture d’une passion, pas moins brûlante dans les étendues enneigées que sous les feux du music hall. Qu’ils se lancent des couteaux sur la scène ou qu’ils s’entrechoquent sous les draps, les corps dégagent la même incandescence.
Philippe Rouyer (Positif)