Les Bas-fonds
L’univers des “bas-fonds” russes repeint aux couleurs parisiennes des années 30 : la vie et les amours du voleur Pepel vus à travers le filtre de la petite communauté d’un asile de nuit.
Dans Les Bas-Fonds, la scène clé, c’est celle que je désigne sous le nom de “scène de l’escargot”. Elle consiste en une sorte de confession du baron à Pepel. Ce dernier, qui est amoureux, dit son espoir de sortir des bas-fonds, et d’en sortir celle qu’il aime. Le baron répond par un examen résumé de sa vie en en exprimant les phases diverses par les changements de costume. Il a été ce que les costumes divers qu’il a portés au cours de sa vie l’ont fait. Tout en parlant, le baron avise un escargot et le place sur son doigt pour le faire grimper. J’ai assisté à plusieurs présentations des Bas-Fonds devant le public, ça ne ratait jamais : lorsque l’escargot se mettait à grimper sur le doigt de Jouvet, la salle se détendait. On sentait cette masse de spectateurs suivre avec passion les mouvements de l’escargot. Le baron leur devenait familier et ils s’identifiaient à Gabin pour écouter cette histoire.
Jean Renoir, Ma vie et mes films, 1974