Les Demoiselles de Rochefort
Delphine et Solange sont deux jumelles de 25 ans, ravissantes et spirituelles. Delphine, la blonde, donne des leçons de danse et Solange, la rousse, des cours de solfège. Elle vivent dans la musique et rêvent de rencontrer le grand amour au coin de la rue...
Les Demoiselles de Rochefort tend lui aussi un miroir à l’âme humaine, avec un humour plus corrosif. Pour Demy, qui a une passion pour les ambivalences, le bonheur n’est pas affaire de romantisme. Le bonheur est moderne. Sculpté par la musique entraînante de Legrand, monté avec une efficacité exaltée, le film offre une vision plane et aérienne, où les couleurs interviennent dans la ville à la manière de taches chromatiques. Esthétiquement, Les Demoiselles regarde clairement vers l’abstraction américaine contemporaine – plus du côté du cube transparent (le bistrot de Mme Yvonne) que du fauvisme français à l’œuvre dans Les Parapluies. Ce que confirment la chorégraphie (les danses épurées des forains, synthèse originale de Tous en scène et de West Side Story) comme les œuvres de la galerie d’art Lancien, manifestement sous l’influence des divers courants artistiques de l’époque.
Mathieu Orléan, La Cinémathèque française