Les Maîtres fous
Dans la ville d’Accra en 1954, des émigrants venus du Niger se trouvent brusquement plongés dans la vie trépidante de la civilisation occidentale. Pour remédier à ce déracinement, ils se réunissent dans un des faubourgs de la ville pour pratiquer le culte des Haouka, sorte de génies modernes.
Film choc s’il en est, Les Maîtres fous, tourné en à peine deux jours, s’est imposé comme une œuvre-phare du cinéma ethnographique tant il a contribué à la transformation de l’approche ethnographique qu’au renouveau du cinéma. Lorsqu’il réalise ce film, Jean Rouch connaît bien l’Afrique de l’Ouest mais il a essentiellement étudié les Songhay du Niger. C’est dans le cadre d’une mission du CNRS sur le phénomène migratoire des Sahéliens qu’il filme la cérémonie dédiée aux Haouka, génies modernes, issus de la mythologie Songhay mais revisités par la réalité coloniale.
Alice Gallois
Le cinéma, art du double est déjà le passage du monde du réel au monde de l’imaginaire, et l’ethnographie, science des systèmes de la pensée des autres est une traversée permanente d’un univers conceptuel à un autre, gymnastique acrobatique où perdre pied est le moindre des risques.
Jean Rouch