Les Portes de la nuit
Durant une nuit de février en 1945, un clochard, qui se présente comme étant le Destin, annonce à Jean Diego qu’il va rencontrer dans les heures à venir « la plus belle fille du monde ».
Le pessimisme des deux auteurs, plus social et plus tonique chez Prévert, plus fondamental et plus désespéré chez Carné, se mêle au sein d’une intrigue dominée visuellement par le célèbre décor de la station de métro Barbès récréée en studio par Trauner. Cet îlot de réalisme est perdu au milieu d’un no man’s land nocturne et lunaire qui n’est plus vraiment de Paris ni d’aucune ville précise. À mesure qu’on s’éloigne de la station elle-même, le décor devient de plus en plus abstrait et sert de toile de fond, comme le Moyen-Âge des Visiteurs du soir, à une sarabande effrénée de damnés, toujours victorieux des innocents et des cœurs purs.
Jacques Lourcelles,
Dictionnaire du cinéma, Robert Laffont