Remorques
Le capitaine du remorqueur le Cyclone, André Laurent, se voit contraint de quitter précipitamment la noce d’un de ses marins pour aller au secours du Mirva. Il abandonne ainsi sa femme Yvonne et la mariée. Au matin, le Cyclone remorque le Mirva avec à son bord Catherine, la femme du capitaine dont André Laurent va tomber amoureux. Entre sa femme gravement malade et celle qu’il aime, Laurent choisira la dernière. Il lui offre de partir avec lui, mais cette dernière refuse. Il finira par perdre les deux femmes qu’il aimait.
Remorques se regarde comme un aplat détrempé ou un rouleau déplié. Là réside la modernité du film : dans son absence d’épaisseur métaphysique ou de densité psychologique, dans son refus de l’invisible et de toute poésie factice, c’est-à-dire dans le rendu de la prose du monde. Dans la mesure où toute la douleur du monde semble s’être logée dans le cœur d’André Laurent (Jean Gabin), la souffrance n’est pas liée au conflit entre l’individu et l’univers. Elle se dilate à la mesure du cosmos. Sans appel à la sublimation. Sans appel à la réconciliation entre l’homme et les choses. Juste la description d’une douleur sèche.
Jean-Christophe Ferrari,
Remorques de Jean Grémillon (Ed. de la transparence)