Toute une nuit
Des hommes et des femmes par une chaude nuit d'été à Bruxelles. Cinéaste de l'intime et du moment transitoire, Akerman compose une mosaïque de rencontres fugaces, qui révèlent l'angoisse de l'attente et du vide amoureux, dans un tableau d'une incroyable fluidité visuelle.
Cette nuit-là, en lever de rideau, ce ne sont que coups de foudre dans la pénombre, coups de tête en catimini, rendez-vous à moitié manqués, idées baroques, bruits de portes s’ouvrant sur l’être attendu, de talons sur l’asphalte, de dialogues somnambules, pendant toute une nuit la loterie du désir semble donner tout le monde gagnant. Dans Toute une nuit, Chantal Akerman se contente de filmer de A à B. Mille velléités de fictions raccourcies ; un grand récit, jamais. C’est le spectateur qu’elle veut empêcher de dormir, en lui suggérant que « toute une nuit », c’est assez long pour qu’un corps y passe par tous les états, y compris les pas-possibles du désir et les peu-probables de la posture amoureuse. Le sien compris. »
Serge Daney, Libération, 29 octobre 1982