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La mélancolie du flash-back

Lettre d’une inconnue de Max Ophuls

Le mélodrame est l’un des genres les plus populaires du cinéma visant l’exploration des sentiments les plus exacerbés (alternance entre les moments de bonheur et les moments de détresse) avec la menace constante que le pire triomphe. Comment exorciser le souvenir d’un amour éperdu dans Lettre d’une inconnue ? De quelles façons l’usage du flash-back permet-il de déplier le temps dans une danse sans fin qui évoque la mort ? Et comment réfléchir au mouvement du flash-back (sur le plan narratif et formel) comme celui de la mélancolie ? 

Lettre d’une inconnue est un mélodrame étrange dans la mesure où il se déjoue des stéréotypes concomitants au genre (l’exacerbation des sentiments, un certain moralisme rigide) au service d’une complexité qu’on retrouve dès l’ouverture du film : atmosphère lugubre et mystérieuse, apparition de Stefan (Louis Jourdan) personnage de séducteur abîmé et en sursis d’un duel annonçant sa propre mort, voix douce-amère du personnage de Lisa (Joan Fontaine) qui apparait en off à la lecture d’une lettre et probablement déjà décédée, basculement constant des points de vue masculins et féminins. Ces différents éléments apparaissent comme les traits complexes de l’existence sociale qu’établit le réalisateur sur ses personnages. De cette adaptation libre d’une nouvelle de Stefan Zweig, Ophuls garde la narration en flash-back qui permet de développer les principaux moments de la vie de Lisa à travers des enchevêtrements temporels. Il serait pourtant réducteur d’appuyer la singularité du film sur sa seule construction narrative. En grand formaliste, le réalisateur cherche à faire évoluer ses personnages dans un mouvement épousant les motifs d’une ronde mortifère. À cet égard, les mouvements d’appareils (l’emploi récurrent du travelling) qui épousent ou devancent les personnages sont l’expression d’un espace aussi bien visuel que musical.

En tant que formidable machine de vision, le cinéma permet de jouer avec les régimes temporels, qu’il s’agisse de la variabilité du temps entendu sur le plan technique du médium (accéléré, ralenti et inversion temporelle) ou de la diégèse (fragmentation du récit, flash-back, flash-forward). À travers le flash-back et en parenté avec le langage musical, il s’agira au cours de cette conférence de réfléchir aux moments dans le film où le temps passé est vécu comme un présent qui anticipe le devenir. Dans la mesure où il s’agit d’une adaptation littéraire, peut-on établir un rapprochement avec la figure de l’analepse ? Dans quelle mesure le flash-back permet-il de revoir une vie à partir de sa chute ? Enfin et si l’amour impossible demeure un thème récurrent du mélodrame, nous verrons comment Ophuls l’intègre à un travail sur les artifices. En effet, le film met au jour un jeu constant partagé entre imaginaire et réalité qui laisse croire que les personnages échappent momentanément à leur destin.

La ciné-conférence peut prendre deux formes différentes selon la demande :

  • Avant-projection : une conférence introductive pour présenter le film et l’univers cinématographique de Max Ophuls (environ 20 min) : 150€ TTC sur facture.
  • Après-projection : après le film, une conférence sur la mélancolie du flash-back dans Lettre d’une inconnue et dans l’univers de Max Ophuls suivie d’un débat avec la salle (exposé de 50 minutes et 10 minutes questions avec le public) : 300€ TTC sur facture.

Âge : tout public, à partir de 15 ans

Lieu : une salle de cinéma équipée d’un micro, d’un vidéoprojecteur ou projecteur numérique pour la diffusion des extraits qui accompagneront la conférence d’après-projection. L’intervenant aura besoin de connecter son ordinateur au projecteur en cabine (image et son).

Jauge : à l'appréciation de l'exploitant


TARIFS ET MODALITÉS

  • L'ADRC pourra prendre en charge les frais de déplacement (SNCF) de l'intervenante. L'accueil (hébergement, repas) est à la charge de la salle.  L'exploitant s'engage à mentionner le soutien de l'ADRC sur le matériel de communication comme suit : "Avec le soutien de l'Agence Nationale pour le Développement du Cinéma en Régions". 
  • Les projections donnent lieu à une déclaration des recettes selon la procédure commerciale habituelle (billetterie CNC).Ce film ne fait pas l’objet de minimum garanti (partage des recettes à hauteur de 50 %).

L'INTERVENANT

Benjamin Léon est docteur en Études Cinématographiques et Audiovisuelles de l’Université Sorbonne Nouvelle (.... Il est actuellement enseignant à l’Université de Lille et  travaille essentiellement sur les avant-gardes artistiques (États-Unis, Angleterre, France) et collabore à différentes revues (Aniki, Cinéma & Cie, La Furia Umana) dans lesquelles il a publié de nombreux articles.
En savoir plus

Cette conférence de Benjamin Léon accompagne le film Lettre d’une inconnue de Max Ophuls à l’occasion du festival
Play It Again !


CONTACT 

ADRC
Rodolphe Lerambert
Anne Rioche 
Tél : 01 56 89 20 30
patrimoine@adrc-asso.org