Monsieur Hire
Personne n’aime Monsieur Hire. Tailleur misanthrope et solitaire vivant depuis des années dans le même appartement, il espionne Alice, sa voisine d’en face dont il est tombé éperdument amoureux. Quand un inspecteur chargé d’enquêter sur le meurtre d’une jeune fille vient questionner les gens du quartier, Monsieur Hire devient logiquement le principal suspect, avec son allure de coupable idéal.
Il n’y a plus de comédie, même lugubre dans Monsieur Hire, étape décisive dans la politique de petits pas menée par un cinéaste qui a toujours montré plus de talent que de prétention et promis moins qu’il ne tenait. Seulement comme ce cinéaste n’est pas un téméraire, qu’il n’avance pas d’un pas sans être bien certains de ses arrières, il a pris la plus solide, la plus éprouvée, la plus sécurisante des assurances que puisse souscrire un petit porteur de la « qualité française » : un roman de Simenon qu’épaulé par deux vedettes bien choisies il ne pouvait raisonnablement pas rater.
Emmanuel Carrère (Positif)