À l’occasion des rétrospectives intégrales consacrées à Douglas Sirk au Festival de Locarno et à La Cinémathèque française, Capricci revient aux origines du bien nommé « maître du mélodrame ». De (faire) redécouvrir Douglas Sirk par Detlef Sierck. Car avant la flamboyance de ses films hollywoodiens produits par la Universal, il y avait ceux - non moins somptueux - réalisés entre 1935 et 1937 en Allemagne pour le compte du studio UFA. Ces sept longs-métrages, rares en salles voire tout simplement inédits, ont été restaurés par la Fondation Murnau.

On retrouve dans cette période allemande tous ce qui fera la beauté de ses chefs-d’œuvre américains : des femmes tourmentées et des couples impossibles, des lumières éclatantes avant même le Technicolor, la recherche d’un paradis lointain et de « nouveaux rivages » (titre original de Paramatta, bagne de femmes), le symbolisme des objets (fleurs, miroirs ou fenêtres) ou la starification de ses actrices (ici Zarah Leander, qui deviendra la muse du cinéma du IIIe Reich). Plus que des prémices, ces premières incursions au cinéma, après une carrière couronnée de succès au théâtre, sont à remettre au centre de son grand œuvre. Sirk l’avouera lui même, il parvient très vite à déplacer la caméra « au service de l’émotion » et excelle dans ses portraits de personnages écrasés par l’injustice, répondant au regard méprisant de la société par leur quête de dignité et d’amour

Capricci

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À LIRE, À ÉCOUTER, À VOIR 

• Douglas Sirk, né Detlef Sierck de Bernard Eisenschitz, Éditions de l'œil (2022)

• Rétrospective, du mélodrame au cinéma total, La Cinémathèque française (2022)

• Locarno 75, rétrospective Douglas Sirk, Festival de Locarno (2022)

• S comme Douglas Sirk, prince désenchanté du mélodrame, France Culture (2020)