La Passion de Jeanne d'Arc
Le procès de Jeanne d'Arc, depuis son arrestation jusqu'à sa mort sur le bûcher.
Si, après plus d’un demi siècle, La Passion de Jeanne d’Arc reste un film d’une beauté indépassable, c’est à cette rencontre qu’il le doit, à l’accord parfait qui tout de suite s’est instauré entre le cinéaste et son interprète. Falconetti, curieusement, ne soupçonna jamais que Dreyer allait la sauver de l’oubli des générations futures grâce au seul grand film qu’elle eût tourné et auquel son nom reste lié pour toujours. Femme de passions et de contradictions, incapable de gérer son immense talent, elle n’est devenue ni une Réjane, ni une Sarah Bernhardt. Mais grâce à ce seul et unique film, elle demeure dans la mémoire de tous. Et inversement. Sans Falconetti, La Passion n’aurait pu être ce qu’elle est : une pièce unique dans l’histoire du cinéma, d’autant plus fulgurante qu’elle explore un visage inconnu auparavant et définitivement évanoui depuis.
Maurice Drouzy, Les Cahiers du cinéma, 1995